Les familles en Suisse: coincées dans le moule traditionnel ?

02.05.2018 18:30 – 20:00

Discutant : Gina Potarca, Université de Genève

Les configurations familiales se sont diversifiées en Europe au cours des cinquante dernières années, du fait de l’augmentation des divorces, de l’entrée des femmes sur le marché du travail ou de la diffusion de la cohabitation. Cependant, ces évolutions ont été plus lentes en Suisse qu’ailleurs: ainsi une majorité des couples continuent à se marier lorsqu’ils souhaitent avoir des enfants et beaucoup de femmes optent pour un travail à temps (très) partiel pour consacrer du temps à l’éducation de leurs enfants. Par ailleurs, la Suisse présente un taux élevé de personnes sans enfant.

Deux trajectoires dominent aujourd’hui le panorama polarisé de la vie privée en Suisse: avoir une famille sur le mode traditionnel (mariage, répartition genrée les tâches) ou ne pas avoir d’enfant du tout. Comment comprendre cet état de fait? Les institutions suisses (lois, fiscalité, institutions scolaires, aide sociale) restent largement conçues sur le modèle de la famille traditionnelle. Les individus qui ne veulent - ou ne peuvent - pas entrer dans ce moule pour des raisons diverses, rencontrent-ils des difficultés notables en faisant famille autrement? Ces difficultés sont-elles d’ordre financier, concernent-elles la gestion du quotidien? Peuvent-elles aussi affecter plus profondément la santé des individus concernés, leur satisfaction de vie, la qualité du lien conjugal? Est-il dès lors plus facile de rester sans enfant en Suisse? Y a-t-il des coûts liés à ce choix sur le long terme?

Les données de l’Enquête sur les Familles et les Générations 2013, collectées par l’Office fédéral de la statistique et exploitées par des chercheurs du Pôle de recherche national LIVES apportent des éléments de réponses à ces interrogations cruciales. Les travaux montrent des déficits de bien-être notable pour les individus faisant famille de manière non traditionnelle (familles à deux temps pleins, familles de couples non mariés avec enfant, familles après divorce), déficits qui semblent particulièrement importants en Suisse par rapport à d’autres pays européens. De même les personnes sans enfants ont un bien-être accru aux âges de la parentalité, mais que la situation s’inverse chez les seniors. On voit donc que les vulnérabilités engendrées par l’inadéquation entre la diversité des familles et les dispositifs institutionnels actuels non seulement découragent l’émergence de formes de familles plus égalitaires.

Lieu

Bâtiment: Uni Mail

Salle MR208

Organisé par

Institut de recherches sociologiques

Intervenant-e-s

Clémentine Rossier, Professeure associée, Université de Genève

entrée libre

Classement

Catégorie: Conférence

Mots clés: forum, Sociologie, Familles, Démographie

Plus d'infos

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