"Sur le trottoir, l'Etat. La police face à la prostitution"

"Sur le trottoir, l'Etat. La police face à la prostitution"

14.11.2022 18:15 – 20:00

En droit français, nulle définition de la prostitution. Que ce soit dans une rue du XVIIIe arrondissement de Paris, sur Internet ou dans un salon de massage, le-la policier-e chargé-e de réprimer les infractions connexes à la prostitution (telles le proxénétisme ou le racolage) se retrouve dans la situation de définir ce qu’elle est. Cette définition n’est pas aussi évidente qu’on pourrait le croire. Couramment, c’est l’échange de services sexuels contre rémunération qui définit la prostitution et cet échange, comme l’ont montré les féministes matérialistes comme Paola Tabet ou Gail Pheterson, se fait majoritairement dans un sens: celui d’un échange de sexualité féminine contre une rémunération masculine. Mais alors, si l’on adopte cette définition, comment désigner une jeune femme qui se fait offrir des cadeaux en échange de rapports sexuels dans un hôtel de luxe ou des masseuses chinoises pratiquant des massages sur tout le corps, y compris le sexe du client ? C’est moins une évidence qu’un continuum de situations entre prostitution et non prostitution parmi lesquelles les policier-es opèrent un tri, distinguant sexualité légale et illégale. Agents de l’État et dépositaires d’un pouvoir juridique, les policier·es sont aussi en cela des agents de l’ordre social et sexuel. S’immergeant plusieurs mois dans les brigades de police, ouvrant les dossiers et les archives de la « Mondaine », Gwénaëlle Mainsant a cherché à saisir cet ordre sexuel en train de se faire, à travers le travail policier. Cela implique de revenir sur qui sont ces policier-es, sur le rôle hérité de l’histoire qu’ils investissent face aux prostitué-es et sur les routines qui sous-tendent leurs enquêtes. L’enquête montre alors combien la police du sexe est une police du genre. Ce faisant, la sociologue invite à penser conjointement les formes genrées du contrôle social sur la sexualité et la place du travail émotionnel dans le cas d’une profession de contrôle et donc plus généralement la part émotionnelle de la domination.

Lieu

Bâtiment: Uni Mail

MR070

Organisé par

Faculté des sciences de la société
Institut des études genre

Intervenant-e-s

Gwénaëlle MAINSANT, Sociologue et politiste, chercheuse au CNRS à l'Institut de recherches Interdisciplinaires en Sciences sociales (IRISSO, Université Paris Dauphine-PSL)

entrée libre

Plus d'infos

www.unige.ch/etudes-genre/index.php?cID=575

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