De quoi "féminisme" est-il le nom?

08.03.2024 12:15 – 13:45

À l'occasion de la sortie de l'ouvrage "Féminisme" d'Éléonore Lépinard aux éditions Anamosa.
Événement organisé par la Commission Égalité de la Faculté des sciences de la société.
En partenariat avec la Librairie du Boulevard.

Présentation de l’ouvrage:

Féminisme. Un mot explosif, qui serait pour certain·es, à chaque époque, porteur d’excès, d’une demande d’égalité risquant de renverser l’ordre établi, d’un désir d’imposer de nouvelles identités ou de prescrire un nouveau langage. Un mot brûlant aussi, dont l’incandescence est aujourd’hui ravivée, à coups de hashtags, de témoignages et de colères rendues publiques, de manifestations et de chorégraphies à dimension planétaire. Un mot porteur de contradictions également, car la tentation est toujours grande d’imposer une définition commune et légitime du féminisme pour toutes celles et ceux qui voudraient se revendiquer de ce projet politique, et le risque tout aussi grand que cette définition se révèle excluante. Les rassemblements de toutes, #NousToutes, contrastent ainsi avec les conflits et colères, les #NousAussi clamés par les exclu·e·x·s d’un discours qui se veut universaliste mais qui ne manquerait pas de toujours ériger des frontières, des clôtures autour d’un « bon » féminisme, accessible à certaines et pas à d’autres...
Face à tout cela et à ces avalanches de tendances ou de versions (féminisme radical, business feminism, féminisme matérialiste, afro- féminisme, transféminisme, féminisme queer, écoféminisme...), on peut se demander si le mot peut désigner un projet commun dont les contours seraient identifiables. Comment un mouvement qui semble s’énoncer au nom d’un sujet qui a l’apparence de l’évidence, les femmes, peut-il s’avérer si protéiforme ? Comment peut-il être étiré jusqu’aux limites de ses possibilités et de son histoire puisque, dans certains contextes, il devient revendiqué par des fractions de ceux-là même qui l’ont tant combattu, les idéologies de droite voire d’extrême droite ? Y a- t-il encore un dénominateur commun ? Le féminisme est-il voué à l’éclatement et à la récupération ou peut-il continuer de nourrir nos imaginaires, nos désirs, nos luttes et nos vies ?

L’autrice défend ici brillamment que ces luttes et ces conflits sont essentiels au féminisme, au sens où le féminisme porte une exigence toujours renouvelée de penser ses contradictions, de répondre à celles qui en contestent les frontières, de réinventer de nouvelles pratiques d’émancipation. Pour autant, accepter l’importance de ces conflits n’est pas céder au relativisme : toutes les versions du féminisme ne sont pas bonnes à adopter ou équivalentes. Loin de là.

Éléonore Lépinard est sociologue, professeure en études de genre à l’Université de Lausanne. Ses travaux portent sur les mouvements et les théories féministes, l’intersectionnalité, le genre et le droit. Elle est notamment l’autrice de : Pour l’intersectionnalité (avec Sarah Mazouz, Anamosa, 2021), Les Théories en études de genre (avec Marylène Lieber, « Repères », La Découverte, 2020) et de Feminist Trouble, intersectionality Politics in Post-secular Times (Oxford, 2020). Elle a également codirigé plusieurs ouvrages : Genre et islamophobie (ENS éditions, 2021, avec O. Sarrasin et L. Gianettoni), Intersectionality in Feminist and Queer Movements (Routledge, 2020, avec E. Evans), L’Intersectionnalité. Enjeux théoriques et politiques (avec F. Fassa et M. Roca i Escoda, La Dispute, 2016).

Lieu

Bâtiment: Uni Mail

MR070

Organisé par

Faculté des sciences de la société

Intervenant-e-s

Eléonore Lépinard, Professeure en études genre, Université de Lausanne

entrée libre

Classement

Catégorie: Conférence - débat

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