Des fictions pour enquêter
03.10.2024 12:30 – 14:00
Le rapport de l’écriture scientifique à l’écriture littéraire a donné lieux à des travaux multiples, tant dans le champ de la narratologie (Barthes, dès 1966), que de l’anthropologie, de l’histoire ou de la géographie. Ce rapport, d’abord envisagé du point de vue de la poétique spécifique à chacun de ces genres, tend depuis plusieurs années à être approché du point de vue du rôle de la fiction dans la production des faits scientifiques. Ce rôle est souvent conçu selon une double perspective. Une première tendance fait de la fiction une façon de tester des hypothèses de travail. Un second usage tend à faire de la fiction tend à faire de la fiction un mode d’existence de l’enquête. Mon intervention souhaite contribuer à cette réflexion sur les modes d’existence de l’écriture scientifique. J’aimerais montrer comment certaines fictions réalistes produites dans le cadre de différentes recherches en géographie urbaine n’éloignent pas du réel, mais permettent au contraire de s’en rapprocher. Deux expériences narratives menées à près de quinze ans d’intervalle sont discutées. La première s’inscrit dans le contexte d’une étude d’urbanisme commandée par une collectivité publique à l’université de Genève. La seconde renvoie au cadre classique de la rédaction d’une thèse de doctorat désormais ancienne (2006). Dans ces deux cas, des techniques d’écriture spécifiques ont été testées pour appréhender la réalité de manière plus approfondie : l’une tenant à une adaptation du principe de « redescription » du matériau d’enquête qui trouve son fondement chez Rorty ; l’autre s’attachant à adapter le principe « contamination » énoncé par Pasolini à nos écritures normées, pour oraliser le discours scientifique.
Lieu
Bâtiment: Bâtiment 66 bd Carl-Vogt
CV001
Organisé par
Département de géographie et environnementIntervenant-e-s
Laurent Matthey, Unigeentrée libre
Classement
Catégorie: Conférence